Un Papier sur Jiri Sekac

Martin Leclerc a écrit:

Jiri Sekac est presque trop bon pour être vrai

Pour un hockeyeur de talent, il est extrêmement difficile de passer entre les mailles des filets des recruteurs de la LNH.
Années après année, les 30 équipes de la LNH investissent des millions dans leur département de recrutement. C’est un secteur vital de leur entreprise qui, en plus, n’est soumis à aucun plafond salarial. Sans relâche, les dépisteurs de la LNH visitent donc les arénas partout sur le globe, à la recherche des meilleurs jeunes talents.
Saison après saison, hiver après hiver, toutes les pierres sont ainsi retournées, tous les bassins de joueurs (même les ligues de deuxième division) sont ratissés afin de s’assurer qu’aucun diamant brut – capable d’avoir un impact dans la LNH – ne soit oublié quelque part.
Parce que les recruteurs font leur travail dans l’ombre, la plupart des gens n’ont aucune idée à quel point leur univers est compétitif. Dans le monde industriel normal, les dirigeants de grandes compagnies soutiennent que le fait d’avoir deux ou trois compétiteurs les incite au surpassement. Imaginez lorsqu’il y en a 29! Le moindre
coup de chance ou le moindre coup d’éclat est alors susceptible de faire une grande différence.

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Tout cela nous amène à l’énigmatique Jiri Sekac.
Quand le CH a annoncé qu’il était parvenu à s’entendre avec ce joueur autonome de 22 ans le printemps dernier, je me rappelle avoir douté. Même si 11 équipes étaient dans la course pour obtenir ses services et même si Sekac avait montré de belles aptitudes offensives dans la KHL au cours des trois saisons précédentes.
Je rappelais dans cette chronique (en juin) que les joueurs autonomes dégotés par les équipes de la LNH en Europe parviennent rarement à s’imposer lorsqu’ils débarquent sur les petites patinoires nord-américaines. Les mailles des filets des recruteurs de la LNH sont trop petites. Les chances qu’un joueur autonome valable passe sous le radar de 30 équipes à l’âge de 18, 19 ou 20 ans sont à peu près nulles, à moins de jouer aux Émirats arabes unis.
À preuve : Fabian Brunnstrom (mis sous contrat par les Stars de Dallas en 2008) était censé être la plus belle invention depuis les boutons à quatre trous. Lui aussi était convoité par de nombreuses formations de la LNH. Or, il n’a finalement récolté que 41 points en 104 matchs en Amérique du Nord avant que l’inconstance de son jeu le force à retourner jouer en Suède.
En 2010, les Sénateurs d’Ottawa croyaient avoir réussi un grand coup en mettant la main sur le Français Stéphane Da Costa. Or, ce dernier n’a disputé que 47 matchs avec eux en quatre saisons (7-4-11). Cette année, Da Costa est retourné en Europe. Il joue avec le CSKA Moscou dans la KHL.
Par contre, l’histoire du Suisse Damien Brunner s’est avérée un succès, quoique modeste.
En 2012-2013, au moment où il était âgé de 26 ans, ce petit attaquant portait les couleurs du club suisse de Zug quand il avait été remarqué par son coéquipier « temporaire » Henrik Zetterberg (la LNH était alors en lock-out). Après le conflit de travail, les Red Wings avaient décidé de lui consentir un contrat, et Brunner avait plutôt bien réussi avec eux. Toutefois, au terme de cette première saison, Brunner a quitté l’équipe de Mike Babcock pour se joindre aux Devils du New Jersey.
Brunner a jusqu’à présent amassé 51 points (23-28) en 104 matchs dans la LNH, et Peter Deboer l’utilise au moins 15 minutes par match. Ce qui n’est pas vilain du
tout. Brunner s’apprête à entreprendre sa deuxième campagne au New Jersey.

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Sachant tout cela, et malgré toute la prudence que doit nous inspirer son histoire, j’ai encore peine à croire que Jiri Sekac est parvenu à se faufiler à travers les mailles du filet! Depuis le début du camp, Sekac m’impressionne vraiment.
Les partisans de l’équipe n’ont pas idée à quel point ce joueur – je rappelle qu’il n’a que 22 ans – est talentueux. Son coup de patin est fluide et ses habiletés de manieur de bâton sont nettement au-dessus de la moyenne. En plus, Sekac mesure 1,91 m (6 pi 3 po)… c’est presque trop beau pour être vrai.
Son sens du hockey est encore plus impressionnant. Autour de lui, l’action semble se dérouler au ralenti. Ses lectures de jeu sont exceptionnelles, non seulement lorsque vient le temps d’effectuer des passes, mais aussi lorsque l’action se développe et qu’il doit se positionner pour recevoir la rondelle. Quand Sekac est sur la patinoire, les défenseurs le cherchent constamment lorsqu’ils se retrouvent en situation de relance. C’est un signe qui ne ment pas.
Sekac est un joueur de son époque. Alors que la possession de rondelle est élevée au rang de religion dans la LNH, voilà une recrue capable de transporter le disque, de le conserver et de construire des séquences offensives intéressantes lorsqu’il en prend possession.
Il est aussi très responsable en défse. Sekac est souvent le premier joueur à se replier, et ses choix de couverture sont adéquats. Son sens de l’anticipation lui permet aussi, régulièrement, de briser des séquences offensives.
Je le répète. C’est presque trop beau pour être vrai.

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Depuis le début du camp, je ne cesse de me répéter qu’il y a probablement une faille majeure quelque part sous son armure. Après la phase des matchs intraéquipe, je me disais que le ballon allait finir par se dégonfler. « Il jouait dans la KHL. Peut-être est-il incapable de faire face au jeu physique de la Ligue nationale? Il sera probablement intimidé ou incapable de se défendre contre les gros défenseurs adverses quand le jeu se resserrera », me disais-je.
Or, servi par son physique et ses habiletés de manieur de rondelle, Jiri Sekac remporte la majorité de ses batailles dans les coins de patinoire.
Au beau milieu du vestiaire du Canadien de Montréal, une équipe qu’il a lui-même choisie, ce jeune homme respire la confiance. Il arrive pourtant, pour ainsi dire, de nulle part. Pour s’assurer de jouer dans la LNH, Sekac aurait aussi bien pu se dépêcher de signer un contrat avec les Sabres de Buffalo ou les Hurricanes de la Caroline. Mais il a choisi Montréal…
Habituellement, les recrues ont de petits airs de bêtes traquées quand la meute de journalistes se présente devant eux. Sekac, lui, semble faire partie du décor depuis toujours. Le cirque semble l’amuser.

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Jiri Sekac amorcera-t-il la saison à Montréal? Bien sûr que oui. Se transformera-t-il en citrouille comme d’autres l’ont fait avant lui? Ce serait extrêmement étonnant. Ce gars-là possède plusieurs as dans sa manche.
Une petite observation toutefois : la plus grosse erreur que Michel Therrien pourrait commettre avec cette recrue serait de le muter au sein du trio de Lars Eller.
Ce n’est rien de personnel. Eller possède de grandes qualités, mais la vision du jeu et les talents de passeurs ne font pas partie de son répertoire. Ce n’est pas pour rien que le grand Danois n’a récolté que 58 mentions d’aide en 286 matchs dans la LNH…
Dimanche soir face aux Capitals de Washington, Sekac a justement connu ses premiers moments ordinaires du camp alors qu’il se trouvait aux côtés d’Eller. À la décharge d’Eller, ce dernier effectuait un retour au jeu après avoir soigné une blessure au bas du corps. Et à la décharge de Sekac, le Canadien n’a pas beaucoup touché à la rondelle dans cette rencontre. Après 35 minutes de jeu, l’équipe n’avait récolté que sept tirs au filet…
Michel Therrien a souligné que cette sortie avait été plus difficile pour Sekac. Pourtant, dès les premières secondes où il s’est retrouvé en compagnie de Tomas Plekanec en deuxième moitié de rencontre, Sekac a créé une exceptionnelle chance de marquer pour son compatriote.
Et dès qu’il a été jumelé à Alex Galchenyuk et à Brendan Gallagher en fin de deuxième, le CH a connu l’une de ses meilleures présences de la rencontre, bien au fond du territoire des Caps. Puis en troisième, Sekac aurait marqué un but facile sur une attaque à 2 contre 1 si Gallagher n’avait pas cafouillé avec la rondelle.
On parle d’une rencontre dont le pointage était encore de 0-0, à moins de deux minutes de la fin. Pas certain, donc, qu’elle ait été plus difficile pour Sekac que pour les autres.

Que deviendras-tu, Jiri Sekac?

Le temps nous le dira. Mais en attendant, le fait que le CH n’ait eu qu’à se pencher pour cueillir un fruit aussi mûr, une recrue qui semble aussi prête à faire le saut dans la LNH, est une sorte de bénédiction pour Marc Bergevin.

Gainzbarre a écrit:Je tente le long shot pour un calder !

Ramon a écrit:

Gainzbarre a écrit:Je tente le long shot pour un calder !

Pars pas trop en peur, tu vas virer hystérique comme certains fans de l'Avalanche!